Conçu en moins de 100 jours par une société privée, la Trautman & Barnes à Los Angeles, le premier prototype est une barquette biplace sportive ayant pour principales caractéristiques :

• moteur en position centrale arrière, le V4 de la Ford Taunus de 1 498 cm3 (89 ou 109 ch selon configuration street ou race),
• 2 carburateurs Weber,
• boîte manuelle à 4 rapports,
• châssis en cage tubulaire,
• un poids total de 700 Kg.

Le logo : John Najar donne un nom en référence à son avion préféré de la seconde guerre mondiale, le chasseur North American P-51 surnommé Mustang. Le premier cheval Mustang est cabré différemment de celui qui va devenir un mythe.

Lee Iacocca comprend que Ford doit produire en série un véhicule devant séduire à la fois une jeunesse dynamique, et plaire aux hommes et aux femmes de tous âges, spacieux pour quatre personnes en proposant une liste d’options pouvant combler la majorité du public. Il lance dans la discrétion le véritable projet qui donnera naissance à la pony car. Le choix est fait de s’appuyer sur la Ford Falcon Sprint équipée d’un V8 de 260 ci (Cubic Inches).

A la suite de statistiques collectées auprès des panels de consommateurs, il ressort une estimation montant à 5. 000 dollars pour la projection d’une telle voiture (équivalent à une Thunderbird, coupé haut de gamme).

Trois studios de design de « Blue Oval » ont développé plusieurs concepts : Advanced Design en présente cinq, Lincoln-Mercury en propose deux, et le studio Ford n'en soumet qu'un appelé Cougar. Six maquettes à taille réelle sont montrées lors de l’été 1962 à la direction de Ford.

John Oros, directeur du design chez Ford, est séduit par la maquette « Cougar » produite par Gale Halderman du studio Ford. L’histoire raconte qu’il préférait initialement le nom de « Cougar » ou « Torino » (une campagne de publicité « Torino » aurait été préparée). Quant à Henry Ford II, ce dernier souhaitait le nom de T-Bird II.

Sur la maquette « Cougar », on aperçoit une face arrière qui sera retenue pour la sortie de 1964, alors que l’avant subira des évolutions... La mustang de 1964 commence à se dessiner !

Le prototype a recours à des composants de châssis, de suspension et de transmission dérivés de deux modèles Ford existants : la Falcon et la Fairlane. La carrosserie est nouvelle avec un empattement raccourci, une hauteur inférieure, et propose un nouveau système de structure appelé «boîte de couple» pour venir améliorer considérablement la rigidité.

Les éléments qui suivent feront l’objet d’étude pour définir les aspects de la Mustang :

• écopes latérales : 5 choix proposées,
• flancs différents,
• portière plus courte côté droit que la gauche : l’alternative gauche sera celle retenue,
• forme et longueur du capot (qui sera inspiré par la maquette de l’étude Allegro),
• les phares, notamment ceux de la maquette « Cougar » reprennent ceux de la Ford Taunus.

A ce stade, le 10 septembre 1962, Lee Iacocca présente à Henry Ford II le projet avec pour nom de code « T-5 » qui sera validé avec une interdiction de dépasser un budget de 40 millions de dollars. L’histoire montrera que la limite sera en réalité franchie de 25 millions supplémentaires. La date de sortie est fixée au 9 mars 1964 avec 2 déclinaisons de carrosserie : coupé et cabriolet.

A l’issue de l’accueil positif du président Henry Ford, Lee Iacocca alors convaincu de la réussite décide de faire construire une nouvelle usine de production à Metuchen dans le New Jersey, pour venir en renfort de celle de San José qui tournera à plein régime.

Le pilote Dan Gurney effectue un tour de circuit de Watkins-Glen en ouverture du grand prix des Etats-Unis avec la barquette biplace : la voiture franchit les 190 Km/h !

Stratégie de communication : au moins 20 000 prospectus sont distribués à cette occasion pour marquer dans les esprits du public le nom … Mustang

Elle ne connaîtra pas d’avenir car une biplace ne répond pas à la demande des jeunes américains qui souhaitent pouvoir emmener en balade des amis et avoir des enfants.

Le nom et le logo Mustang sont définitivement choisis. Un autre article plus détaillé aborde l’histoire du logo…

Un second prototype « dream car » est présenté le 3 octobre 1963 sur le même circuit de Watkins-Glen : la Mustang II.

A moins d’un an de la sortie officielle, le concept se veut plus proche et réaliste de la version de 1964.

Côté motorisation, le V8 289 ci fait son apparition avec un carburateur 4V (4 corps) et une boîte manuelle à 4 rapports.

Le logo : la cambrure du cheval sur la Mustang I réclame des proportions bien trop grandes pour s’intégrer sur le radiateur de la Mustang II. C’est ainsi que les designers Charles Keresztes et Waino Kangas ont donné naissance au logo du cheval qui galope vers l’ouest !

La Mustang n’est pas encore sortie officiellement qu’au cours de l’année 1963 qu’une troisième variante est présentée : il s’agit de la carrosserie Fastback avec une lunette arrière type Split (à l’image de la Corvette C2).

Les 180 premières Mustang produites, dites de présérie, sont fabriquées à l’usine de Rouge River, à Dearborn, entre le 10 février et le 5 mars 1964. Elles sont destinées aux concessionnaires les plus éloignés pour le lancement, aux VIP, à la promotion. La production officielle commence le 9 mars 1964.

La Mustang cabriolet de couleur wimbledon white, avec le VIN 5F08F100001, équipée d’un moteur V8 260 ci de 164 ch, d’une boîte auto à 3 rapports, soit la première pony car produite, est envoyée à la concession Ford de Georges Parsons à Saint-Jean de Terre-Neuve, au Canada, à 3.500 km de Détroit.

Elle est visible chez le concessionnaire le 14 avril 1964, elle attire le public. Parmi les visiteurs, le pilote de ligne Stanley Tucker est séduit et décide de devenir propriétaire en persuadant le vendeur Harry Phillips. Pourtant, la voiture n’est pas destinée à la vente mais uniquement pour la démonstration en tant qu’exemplaire de présérie. Lorsque la période de promotion est terminée, la Mustang 0001 est livrée au pilote.

Ford a pris connaissance de cette vente par inadvertance. Le pilote Stanley Tucker refusa de vendre sa belle au constructeur.

Une autre présérie deviendra célèbre et exclusive ! Il s’agit d’une Convertible Rangoon Red portant le VIN 5F08F100145, qui sera exportée en France, via le port d’Anvers, pour être vue dans le film « Le Gendarme de Saint-tropez ».

Elle a été achetée 3.450 $ le 15 avril 1964 par Gail Wise, une maîtresse d’école de 22 ans à Chicago, soit 2 jours avant le lancement officiel. A ce jour, elle est toujours la première et unique propriétaire, papier en règle à l’appui, de cette Mustang cabriolet Tropical Turquoise qui a été restaurée.

Gail et son mari ont été invités à Dearborn pour célébrer les 10 millions de Ford Mustang. Cette histoire continue car Gail n’a toujours pas l’intention de la vendre, en sachant qu’elle serait estimée entre 350 000 et 450 000 $ (100 fois plus le prix d’achat), soit environ 307 000 à 395 000 € !

La Mustang a été officiellement lancée le 17 avril 1964 à l'Exposition universelle de New York, disponible en 2 carrosseries : coupé à toit rigide ou cabriolet, au tarif initial d'environ 2 350 $ !
La production du millésime 1965 eut lieu de fin août 1964 à juillet 1965, totalisant 559 451 exemplaires. Le troisième style de carrosserie « Fastback » voit le jour en septembre 1964.

1 an, 11 mois et 24 jours après le 17 avril 1964, la Mustang est devenue une icône et s’apprête à sortir de la chaîne de production la millionième. A cette occasion, Ford prit contact avec le pilote Stanley Tucker pour lui proposer d’échanger la 0001 contre la Mustang 1 000 001 sans aucun frais.

Le 2 mars 1966, à Dearborn, le pilote de ligne Tucker remet en main propre à Lee Iaccocca (président de Ford et père spirituel de la Mustang) les clés de la Mustang 0001, en présence de Don Frey (l’ingénieur en chef) et Gene Bordinat (vice-président chargé du style).

La Mustang cabriolet blanche 0001 est remisée pendant des années, montrée publiquement lors des 10ème et 20ème anniversaires de la Mustang, en 1974 et 1984. En 1987, elle est exposée dans le musée Henry Ford. Une restauration a été nécessaire en 2013. Elle est toujours visible à ce jour.

Rédacteurs de l'article : Jef et Patrick