Le 6 cylindres de la première génération

Longtemps vous vous êtes posé la question, d'où viennent ces moteurs qui emplissent nos capots ?

Je tente modestement de vous raconter l’histoire de ces blocs de fonte au parcours surprenant.

Avant de commencer cette petite histoire, je ne pouvais pas couvrir toute l’offre pléthorique des motorisations Ford, aussi, je ne parlerai que de la première génération.

Mais vous verrez qu’elle déborde très largement sur les autres générations. Chez Ford, il n’y a pas de petites économies !

Nous commencerons par le “p’tiot”.

Nous ouvrons le bal avec le 6 en ligne que personne ne connaît et dont personne ne veut.

Puis viendra le tour des V8 avec ses nombreuses familles.

1964½ Ford Mustang coupe - sv1ambo commons.wikimedia.org CC BY 2.0

Je m’appelle Ford straight-six engine 3 ème du nom et j’ai équipé beaucoup de voitures de la FOMOCO.

J’ai été produit à l'usine Lima Engine de Lima dans l’Ohio de 1960 à 1984.

Officiellement surnommée Thriftpower Six, cette gamme de moteurs est parfois appelée Falcon Six.

Ford 144cid six cylinder - Bill Wrigley - CC BY-SA 3.0 commons.wikimedia.org

Si vous pensiez que ce petit 6 cylindres n’était qu’une parenthèse dans la production FOMOCO, regardez plutôt mon palmarès :
Ford Ranchero
Ford Fairlane (Americas)
Ford Falcon (North America)
Ford Mustang
Ford Torino
Ford Maverick (Americas)
Ford Granada (North America)
Ford Fairmont
Ford Bronco
Ford Thunderbird (eighth generation)
Ford LTD (Americas)
Mercury Comet
Mercury Monarch
Mercury Zephyr
Mercury Capri
Mercury Marquis

Ce vénérable 6 cylindres commence sa carrière en cubant 144 CI puis il a évolué en passant à 170 CI, 187 CI, 200 CI et finira à 250 CI.

Les Mustang de la première génération ont goûté à 3 moteurs de cette famille, le 170 CI en 1964 ½ (photo ci-dessus), le 200 de 1965 à 1969 et le 250 de 1969 à 1973. Le saviez-vous ?

Ce 6 en ligne a sauté une génération, on le retrouve sous le capot des Fox (Mustang de 3 eme génération) de 1979 à 1982 et c’est 6 cylindres en V que l’on retrouve dans les Mustang II.

J’entends au loin le cri des ayatollahs du V8 scander au loin, une Mustang c’est un V8.

Et bien non, ce 6 en ligne fait partie de la famille. Il n’a pas le staccato de son frère V8, non lui il feule doucement à la manière d’un bon gros matou.
Il fallait un exemple pour illustrer mes propos, pourquoi pas un 250 CI de 1971 ?
Si ce 250 CI n’a pas la puissance de ses frères V8 avec ses 145 ch SAE brut (99 ch SAE net), il délivre un couple confortable de 314 Nm au régime paisible de 2600 tr/mn grâce à sa cylindrée unitaire importante.

Son crédo, c’est la balade bucolique de bord de mer. Il aime flâner dans la campagne et regarder pousser les pâquerettes. Ne le cherchez pas au feu rouge dans l’attente d’un départ à l’odeur de gomme brûlée.

Avec sa boîte trois vitesses manuelle ou sa boîte 3 vitesses automatique en option, ce 6 pattes distille gentiment ces watts sans en faire des tonnes.

1966 Ford Mustang 170 Six - Stephen Foskett commons.wikimedia.org CC BY-SA 3.0

Si vous n’arrivez pas à situer les performances de ce 6 cylindres dans le PAF (Paysage Automobile Français), je vais tenter en quelques chiffres de vous orienter.

Prenons une Peugeot 504 en version poêle à mazout. Pourquoi vouloir comparer notre plébéien coupé Mustang à une nobiliaire 504 berline Peugeot ? Patientez quelques lignes et vous comprendrez ce choix.

Nos deux candidats entre en lice, à ma droite, notre Peugeot 504 nationale, 4,50 m, 1290 kg sur la balance, 4 cylindres, 2,3 litres de cylindrée pour 70 ch.
A ma gauche, la Ford Mustang 4,81 m, 1628 kg, 6 cylindres, 4,1 litres de cylindrée pour 99 ch. Vous voyez déjà le résultat ? Arrêtons le suspens. Des chiffres encore des chiffres …

  1. kilo par ch : 18,4 pour la 504 - 16,4 pour la Mustang → Victoire Mustang
  2. rendement ch/l : 30,4 pour la 504 - 24,1 pour la Mustang → Victoire 504
  3. rendement Nm/l : 57 pour la 504 - 76,6 pour la Mustang → Victoire Mustang

Ca vous en bouche un coin ? L’Indenor agricole dansant des castagnettes de la Peugeot sort plus de chevaux au litre que le 6 pattes.

En revanche, le 6 écrabouille le buveur de mazout en Nm au litre. Délirant non ? Arrêtons là la dictature des chiffres. Disons simplement que ce 6 cylindres marche un peu mieux qu’une 504 à huile lourde mais moins qu’une 504 TI. La ou notre 6 cylindres excelle face aux françaises toute confondues, c’est l’agrément, aussi moelleux qu’un paquet de chamallow.

Ce “p’tiot” n’a pas le droit de s'appeler GT, Mach 1 ou Boss. Le jogging du sportif, ne fait pas partie de sa garde robe.

Il peut séduire son public sous l’imper d’un cabriolet, adopter le blazer classique du coupé, se glisser dans la robe d’un fastback ou sportroof et même enfiler l’élégant costume de la Grandé.

Rien ne permet à première vue de distinguer ce modeste 6 d’un 8 plus musculeux du moins à partir de 1967.

Les plus observateurs auront remarqué les quatre boulons qui tiennent les roues des 6 cylindres de 1964 à 1966 en lieu et place des 5 boulons des V8.

Image

1964½ Ford Mustang coupe - sv1ambo commons.wikimedia.org CC BY 2.0

Vendu aux US en 71 au prix plancher de 2911 $, il ne fallait guère s’attendre à des fioritures.

Pour ce tarif là vous héritiez d’une boîte de vitesses manuelle à 3 rapports et d’un intérieur au dénuement le plus total.

Une radio AM vous délestait de 66 $ et si vous vouliez des vitres teintées 40 $ sortait de votre poche.

Alors vous me l’achetez mon 6 cylindres ?

Perso, j’aime les voitures atypiques et un 6 pattes dans mon écurie ne me déplairait pas. Et vous ?

La prochaine fois, nous parlerons de l’un des moteurs V8 les plus produit dans le monde. J’ai nommé le V8 Windsor.

Rédacteur : Patrick Pinte - MCF